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Paroisse St Yves de Nantes
8 novembre 2013

Homélie pour la fête de la Toussaint

« Quand Jésus vit la foule qui le suivait, il gravit la montagne. Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait : »

Voilà une introduction bien solennelle pour dire tout simplement que Jésus va parler. Pourquoi cette introduction ? Tout simplement parce que cette page d’évangile n’est pas n’importe quelle page. C’est la première page du premier grand discours de Jésus dans le premier évangile. C’est une page introductive,  programmatique. Jésus aborde un sujet important, un sujet de toujours, un sujet qui intéresse tous les êtres humains, aujourd’hui comme hier, c’est la question du bonheur. Etre heureux, n’est-ce pas l’objectif de toute vie, la vôtre, la mienne ? Et tous, un jour ou l’autre nous nous posons la question : comment être heureux ? Comment être heureux ? On peut partir à la recherche d’un certain nombre de critères pour répondre à la question du bonheur. Je vous propose celui du désir. On ne peut être heureux qui si nous avons la satisfaction d’un certain nombre de désirs. Qu’est-ce que je désire le plus aujourd’hui et qui me permettrais de dire : si je l’avais, je serai heureux ? La paix, la justice, la santé, l’affection de mes proches, la jeunesse… Chacun pourrait répondre à cette question… Mais la satisfaction de mes désirs me donnerait-elle le bonheur ? Pas sûr, car l’homme étant un être de désir la satisfaction d’un désir finit toujours par laisser place à un autre désir et tant que nous serions vivants, nous désirerions forcément quelque chose que nous n’avons pas. La santé, la jeunesse, comment satisfaire le désir de rester jeune quand on vieillit d’une année tous les ans ?

Bon, si je vous ai proposé ce critère du désir, c’est parce que me semble-t-il, c’est celui que Jésus utilise dans cette page d’évangile : « avoir faim et soif de justice », voilà l’expression d’un désir. Etre artisan de paix, n’est-ce pas l’expression d’un désir de paix ? Alors, je crois que ce texte des béatitudes est en fait l’expression des désirs de Dieu pour l’humanité. Dieu désire que nous vivions dans un monde en paix, un monde où règne la justice, d’ailleurs l’un ne va pas sans l’autre, il ne peut pas y avoir de paix sans justice. Tous les individus ou les peuples qui vivent dans un sentiment d’injustice chercheront d’une manière ou d’une autre à obtenir que leurs droits soient respectés. La consolation, malheureusement la paix et la justice ne suffisent pas toujours à donner la joie, le bonheur, il y a des évènements dans la vie qui engendrent la peine et la tristesse, la traduction littérale parle de ceux qui sont dans le deuil, nous le savons bien aujourd’hui. Dieu désire que tous ceux et toutes celles qui vivent cet état de peine et de tristesse trouvent quelqu’un auprès d’eux qui vive la compassion et soit capable de consoler celui qui pleure. La miséricorde, c’est l’aptitude à accueillir, à écouter, à comprendre et finalement à  pardonner. Dieu veut que nous vivions dans un monde où même celui qui a fait une grosse bêtise puisse être accueilli, écouté, compris et puisse être pardonné. La douceur : la gentillesse ou la bonté auraient été une meilleure traduction. Ce que Dieu désire c’est que nous vivions dans un monde où les rapports humains ne soient pas marqués par la dureté, la violence, mais bien au contraire par la bonté, la gentillesse, la douceur, la compassion. Le cœur pur, ce n’est pas une attitude morale, mais plutôt une rectitude personnelle, on pourrait parler de droiture, de vérité, de sincérité. Dieu désire que nos rapports humains soient guidés par la sincérité et la vérité et non pas le mensonge et la tromperie.

Voilà ce que Dieu désire au plus profond de lui-même pour nous : il désire que nous vivons dans un monde de justice et de paix, dans un monde où ceux qui pleurent sont consolés, dans un monde où les rapports humains sont guidés par l’écoute, l’accueil, le pardon, la bonté, la douceur, la gentillesse, la compassion et aussi dans la vérité. Que pouvons-nous désirer de plus ou de mieux ?

Alors le pauvre de cœur, c’est justement celui qui sait que ses désirs ne seront jamais totalement comblés et surtout qui sait que la satisfaction de ses désirs ne le combleront jamais totalement.  Et qui finalement ne désire plus que ce que Dieu désire pour lui.

Car peut être est-ce là le secret de la sainteté. Le saint, c’est celui qui aura compris que le mieux, le meilleur pour lui et pour le monde n’est autre que ce que Dieu lui-même désire. Tel que cela est exprimé dans cette page des béatitudes. Et qui aura mis en œuvre pendant sa vie toutes ses potentialités au service de la paix, de la justice, de la vérité, de la compassion, de la bonté….

Oh bien sûr, ce n’est pas un chemin facile les deux dernières béatitudes nous rappellent ce que nous savons, tous ceux qui se sont aventurés sur ce chemin là ont bien souvent récolté les insultes, l’exclusion quand ce ne fut pas la persécution, combien de martyrs ont donné leur vie pour la paix, la justice ou la vérité. C’est le chemin du Christ, car sans doute que le Christ annonce ce qu’il fera : l’artisan de paix, l’affamé de justice, le consolateur, le miséricordieux, le doux, c’est Lui. Alors, oui, ce n’est pas un chemin facile, mais ce n’est pas impossible, chacun peut entrer dans ce que Dieu désire pour lui, ce n’est pas réservé à quelques personnes qu’on appelle les saints, tous et chacun, nous pouvons y entrer et je crois très fortement que si chaque homme entrait un peu dans ce que Dieu désire pour nous, notre monde et notre société n’en seraient que meilleurs et nous serions tous un petit plus heureux.

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