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Paroisse St Yves de Nantes
19 juin 2015

Laudate si

encycliques Laudato si'

Le pape François l’a souligné d’emblée : sa lettre encyclique s’adresse à tous, catholiques ou non, croyants ou non. Laudato si’ est pour « chaque personne qui habite cette planète ». Pas moins ! Tant le sujet – l’écologie – que le vocabulaire choisi se prêtent à une large destination pour qui veut bien prendre le temps de lire les 192 pages (pour la version en français). Les plus rétifs à toute notion de divinité décrocheront juste au passage final sur la « spiritualité écologique » et auront lu sans doute en diagonal le deuxième chapitre sur « l’évangile de la création ».
Le risque de viser tout le monde est en définitive de ne toucher personne. Chacun trouvera toujours un autre – grande industrie extractive, consommateur frénétique, pouvoir financier, pays développés,..- plus polluant que lui.
Mais une encyclique reste l’enseignement d’un pasteur pour son troupeau, qui, à travers la planète, peut donc toujours s’en sentir le premier destinataire. A la fois collectivement et personnellement. Un virgule deux milliard de catholiques, et moi et moi et moi ? En jésuite, Jorge Bergoglio invite à un examen de conscience dans une matière écologique pas toujours prise au sérieux. « Nous devons reconnaître que certains chrétiens, engagés et qui prient, ont l’habitude de se moquer des préoccupations pour l’environnement, avec l’excuse du réalisme et du pragmatisme », relève-t-il (n°217) : « Vivre la vocation de protecteurs de l’œuvre de Dieu est une part essentielle d’une existence vertueuse ; cela n’est pas quelque chose d’optionnel ni un aspect secondaire dans l’expérience chrétienne ».
Maints catholiques seront sans doute surpris, voire décontenancés, de lire dans l’encyclique un soutien à la notion controversée de décroissance ou aux pressions populaires contre des projets d’infrastructures. Mais là n’est pas la seule « conversion écologique » proposée. Des tas de nos petits gestes au quotidien restent à revoir. Parfois aussi faisons-nous déjà de la « spiritualité écologique » comme Monsieur Jourdain de la prose : sans le savoir. Par exemple, le pape François replace la bénédiction avant et après les repas ou le repos dominical dans une perspective écologique.
Au-delà des catholiques, au-delà des chrétiens, le pape appelle d’abord chaque croyant à être, entre sa foi et son style de vie, cohérent et conséquent. A sa façon, il indique un exemple lorsqu’il adresse une note à un proche collaborateur en écrivant au dos d’une enveloppe usagée. Ou qu’il monte à bord de voitures de moyenne gamme.
Le travail reste immense. La cour du Vatican le matin de la présentation de l’encyclique était remplie de berlines alignées pendant que le corps diplomatique et la presse prenaient connaissance du texte tant attendu et déjà partout édité. Sur papier recyclé ?
L’encyclique recommande une « sobriété heureuse », sans entrer dans le détail. Le pape est là pour interpeller, éveiller, pas pour se faire prescripteur et dicter une conduite précise. A chaque lecteur de Laudato si’, catholique compris, une fois la dernière page du texte tournée, de réfléchir à son propre style de vie, d’échanger avec d’autres. Le dialogue est ouvert, y compris sur ce blog.

Sébastien Maillard (La croix) 

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