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Paroisse St Yves de Nantes
1 novembre 2014

Homélie Toussaint 2014

Qu’est-ce que le bonheur ? Le bonheur, c’est un état de parfaite satisfaction nous dit le dictionnaire. Etat de parfait satisfaction, ce qui sous entend que pour être heureux, il faut que ses désirs, ses besoins soient pleinement satisfaits. J’ai tout ce que je demande, tout ce dont j’ai besoin, tout ce que je désire. Je suis satisfait de ce que j’ai, de ce que je fais, de ce que je suis. Evidemment dans la société qui est la nôtre, une société dont le but est de faire naître des désirs ou des besoins plus ou moins utiles, des désirs et des besoins de plus en plus difficiles à satisfaire, le risque est grand de voir apparaître un nombre de plus en plus importants de gens insatisfaits donc pas heureux. Mais la publicité sait très bien nous faire croire que l’insatisfaction n’est que passagère et que votre tour viendra. Loto, à qui le tour ?

D’emblée, le Christ prend le contre-pied de cette définition du bonheur puisque sa première parole consiste à dire : heureux les pauvres de cœur ! Les pauvres de cœur, une expression difficile mais qui veut sans doute définir ceux qui ne cherchent pas à combler systématiquement leurs manques, à satisfaire leurs désirs les plus immédiats, heureux ceux qui ne cherchent pas à tout prix à acquérir le modèle dernier cri du téléphone portable qui permet de surfer sur Internet et de regarder la télé, ils feront des économies. Les pauvres de cœur, ce sont ceux qui savent que rien dans le monde ou dans la société ne pourra satisfaire leur désir le plus profond, combler leur manque le plus absolu. Car finalement quel est le manque le plus fondamental qui taraude nos existences si ce n’est celui d’échapper à notre condition humaine, à notre finitude, aux limites de notre existence. Nous rêvons, d’absolu, d’infini, d’éternité et nous nous heurtons au fini, à l’échec, à la mort. Et rien dans notre monde ne pourra nous faire passer du fini à l’infini, de la dégradation physique à la jeunesse éternelle, de la souffrance à la plénitude de la vie. Alors, oui, le Christ nous le dit : heureux ceux qui ne se laissent pas berner par le miroir aux alouettes de notre société qui veut nous faire croire qu’on peut devenir riche et célèbre, connaître le grand amour et en plus rester jeune… Heureux ceux qui ne prennent pas appui sur les richesses de ce monde mais mettent leur confiance en Dieu, car lui seul est la vie, lui seul est l’Amour, lui seul nous promet le bonheur pour toujours. Oui heureux êtes-vous non pas parce que vous êtes pauvres, mais parce que Dieu vous aime !

Cette première béatitude résume, je crois toutes les autres. Car la pauvreté du cœur, cette remise de soi-même entre les mains du Père, à l’image de Marie, le jour de l’annonciation ou à l’image du Christ sur la Croix, est une des bases essentielles de toute vie chrétienne. Oui, le pauvre de cœur résistera à la tentation de posséder, résistera à la tentation de la domination par la violence, résistera à la tentation de la vengeance pour faire place au pardon et à la miséricorde, résistera à la tentation de toute compromission, il sera artisan de paix, soucieux de partage et de justice, et tout cela sans avoir peur de dire ce qu’il pense, sans souci du qu’en dira-t-on, fut-ce au risque de sa vie. Heureux est-il, celui-là, il vit déjà les valeurs du Royaume. Le Royaume de Dieu lui appartient.

Avouons que nous sommes bien loin des critères de bonheur de notre société : « Amour, gloire et Beauté. » Enfin je veux dire, jeunesse, richesse et beauté.

La perspective que nous indique le Christ dans cette page d’évangile des Béatitudes est radicalement différente. Entre une recherche du bonheur pour soi, un bonheur que l’on acquiert au prix d’une réussite personnelle, un bonheur qui réside dans un avoir : avoir un travail, avoir une reconnaissance sociale, avoir une maison, un foyer et une recherche qui consiste à s’ouvrir, à accueillir, qui est en fait une façon d’être, d’être homme au milieu des hommes, ce n’est pas du tout la même chose.

Alors comment entendre ce message des béatitudes ? Ce qui rend heureux, ce n’est pas la pauvreté, fut-elle de cœur, ce n’est pas la faim et la soif, fut-elle de justice, ce n’est pas les pleurs, ni la persécution… fut-ce pour le Royaume ! Non, ce qui rend heureux, c’est la chaleur de l’amitié, de la fraternité humaine rassemblée pour vivre la justice, la paix illuminée par l’espérance du monde nouveau inauguré par le Christ. Car celui qui a vécu parfaitement ce message des béatitudes, n’est autre que celui qui les a proclamées : le Christ lui-même, le doux, l’artisan de paix, le persécuté pour la justice, le pauvre de cœur, celui qui attend tout des autres, c’est le Christ qui non seulement annonce le monde nouveau, mais l’inaugure, le réalise.

Cette espérance que nous fêtons à la Toussaint transfigure dès aujourd’hui notre vie. Soyez heureux car vous n’êtes pas condamnés à souffrir. Soyez heureux car vous n’êtes pas condamnés à pleurer. Réjouissez-vous, soyez dans la joie. Dieu nous invite au bonheur. Car vivre le message des béatitudes, c’est tout simplement aimer. Tout homme, chaque homme. Aimez tout homme qui n’a pas de raison d’être heureux. Et c’est cet amour-là qui sera pour lui bonne nouvelle dès aujourd’hui. Autour de nous, tant d’hommes et de femmes souffrent pour une raison ou pour une autre. Offrons-leur un peu de chaleur, là est le chemin du bonheur. Le chemin du bonheur, c’est le chemin des Béatitudes, le chemin de tous ceux que l’on fête aujourd’hui et qu’on appelle les saints.

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